FRATERNITÉ à toutes les sauces ?

th (2)

S’il existe une fraternité humaine qui tient de notre commune origine, il existe également une fraternité  chrétienne qui, elle, vient de notre baptême et de notre union au Christ. Malheureusement pour nous, qui vivons au 21e siècle, il existe également et ce, même dans certains milieux ecclésiaux, une mixité de ces deux notions qui aboutit à une dilution de notre identité chrétienne : chrétiens, juifs ou musulmans, nous serions tous frères !

« Va trouver mes frères » dit Jésus ressuscité à Marie-Madeleine (Jean 20,17) et elle alla directement au cénacle où se cachaient les apôtres. Ou encore, à Saul sur le chemin de Damas : « Pourquoi me persécutes-tu ? » (Actes 9,4) en se référant au but de sa visite en cette ville. Jésus s’identifie ici clairement et exclusivement à ses disciples persécutés. Au 4e siècle, saint Augustin nous parle de façon catégorique du devoir d’aimer tout le monde, croyants et incroyants, sans pour autant biffer les distinctions :

« Mes frères, nous vous exhortons très vivement à la charité: non seulement envers nous-mêmes, mais aussi envers ceux qui sont au dehors; qu’ils soient païens, ne croyant pas encore au Christ, ou bien qu’ils soient séparés de nous, reconnaissant le même chef tout en étant retranchés du corps 〈 il s’agit des chrétiens schismatiques de son temps 〉. Bon gré, mal gré, ces derniers sont nos frères. Ils cesseraient d’être nos frères s’ils cessaient de dire: Notre Père …  .  Le psalmiste nous invite à aimer nos frères (psaume 32/33) ; nous ne disons pas que les païens sont nos frères, selon les Écritures et selon le langage de l’Église ; le psalmiste parlait-il des Juifs, qui n’ont pas cru au Christ ? Lisez saint Paul, et vous verrez que le mot «frère», quand l’Apôtre l’emploie tout court, ne peut que s’entendre des chrétiens. » ( Sermon sur le psaume 32/33)

Il existe donc deux notions importantes de fraternité qui malheureusement ne sont pas toujours explicitées comme telles : frères en humanité et frères en Jésus Christ. Les deux ne sont pas interchangeables. Et rien ne légitime, à mon avis, cette tendance actuelle à rechercher coûte que coûte un commun dénominateur qui nous rapprocherait des autres religions tout en passant sous silence notre propre identité. Qu’il s’agisse de diplomatie ecclésiastique ou de timidité tout court, on ne peut bâtir des ponts en se reniant soi-même. Ces paroles de Jésus sont toujours d’actualité : « Que votre parole soit oui, oui ; non, non ; le surplus vient du Mauvais » (Matthieu 5,37) ou encore : « Celui qui rougira de moi devant les hommes, je  rougirai de lui devant mon Père qui est au Cieux. » (Luc 9,26)

S’il y a un temps pour se rapprocher des croyants des autres religions, il y a également un temps pour le faire entre chrétiens et c’est précisément le but de la Semaine de prière pour l’unité des Chrétiens (18 au 25 janvier). Quelle est notre attitude personnelle envers nos frères séparés ? Connaissons-nous vraiment les Orthodoxes et les Protestants de notre région ? N’avons-nous pas souvent la conviction inavouée que la sainteté ne saurait se trouver en dehors de l’Église catholique ? Sommes-nous capables de distinguer entre les premiers hérétiques ou schismatiques d’une part et leurs descendants d’autre part ? Le temps ne serait-il pas venu de nous rencontrer (avec ceux qui le veulent bien) et de prier ensemble le Notre Père ?

Avatar de Inconnu

About moinillon

jacques172.com
Cet article, publié dans Amitié, Amour fraternel, Église, Évangile, Baptême, Conversion, Désir de Dieu, Dieu, Dieu Père, Islam, Jésus, Monde, Opinion publique, Orthodoxie, Prière, Saintes Écritures, Spiritualité, Temps présent, Trinité, vie moderne, est tagué , , , , , , , , , , . Ajoutez ce permalien à vos favoris.

1 Response to FRATERNITÉ à toutes les sauces ?

  1. Avatar de AnaStpaul AnaStpaul dit :

    « And nothing legitimises, in my opinion, this current tendency to seek at all costs a common denominator which would bring us closer to other religions while ignoring our own identity. Whether it is diplomacy or shyness, you cannot build bridges by denying yourself. »
    I will learn this off by heart – to repeat to my priest – to repeat again and again.
    Thank you Fr!

    Aimé par 1 personne

Répondre à AnaStpaul Annuler la réponse.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.