Après avoir célébré les Jours saints et nous être repus des vérités fondamentales de la Foi, il nous reste maintenant à les digérer tout au long de ce temps pascal. Par sa victoire sur la mort, le Bon Berger nous invite à le suivre avec confiance jusque dans l’éternité bienheureuse. Il est également la porte de cette bergerie qu’est l’Église terrestre, porte qui nous permet non seulement d’y entrer par le baptême mais aussi d’en sortir à sa suite lors de notre mort, selon ses propres paroles : « Je suis la porte. Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé; il pourra entrer et sortir, et il trouvera un pâturage » (Jean 10, 9). Quel est ce pâturage promis ? Laissons la réponse à un saint moine du 6e siècle, devenu évêque de Rome et docteur de l’Église:
« Le baptisé entrera pour avoir la foi; il sortira en passant de la foi à la vision, de la croyance à la contemplation, et il trouvera un pâturage en arrivant au festin éternel. Les brebis du bon Pasteur trouvent donc un pâturage parce que tout homme qui le suit avec un cœur simple est nourri dans la pâture des prairies intérieures. Et quel est le pâturage de ces brebis-là, sinon les joies éternelles d’un paradis toujours vert ? Car le pâturage des élus, c’est le visage de Dieu, toujours présent: puisqu’on le regarde sans interruption, l’âme se rassasie sans fin de l’aliment de vie. (…)
Recherchons donc, frères très chers, ce pâturage où nous trouverons notre joie au cœur de la fête célébrée par tant de nos concitoyens. Que leur allégresse nous y invite. Réchauffons nos cœurs, mes frères, que notre foi se ranime envers ce qu’elle croit, que nos désirs s’enflamment pour les biens célestes : c’est déjà partir à leur rencontre que de les aimer. Aucun obstacle ne doit nous enlever la joie de la solennité intérieure, car si l’on désire se rendre à un endroit qu’on s’est fixé, aucune difficulté ne peut changer ce désir. Aucune prospérité flatteuse ne doit nous en détourner ; il est fou, ce voyageur qui, apercevant sur sa route de gracieuses prairies, oublie le but de son voyage. » (Homélie de saint Grégoire le Grand, PL 76, 1129-1130)
Le Ciel qui nous est promis est donc la vision même de Dieu, ce « visage toujours présent », pâturage toujours vert car rien ne saurait épuiser cette vision bienheureuse. « Bien-aimés, écrit l’apôtre Jean aux chrétiens de la fin du premier siècle, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, et ce que nous serons n’a pas encore été manifesté. Nous savons que lors de cette manifestation nous Lui serons semblables, parce que nous le verrons tel qu’Il est. » (1Jean 3, 2)