« De son sein couleront des fleuves d’eau vive » (Jean 7, 38)
La venue de Jésus sur terre a certainement marqué l’histoire humaine de façon extraordinaire et indélébile : le Créateur s’est abaissé à notre niveau pour venir réparer le gâchis créé par sa créature. Heureuse faute, dira saint Augustin, qui nous a mérité un si grand Rédempteur. Prévue de toute éternité, l’Incarnation du Fils s’est révélée le sommet de la création … une création n’ayant d’autre but que de dévoiler le mystère de Dieu : un Amour infiniment miséricordieux .
Dieu aurait pu décréter pour nous un salut définitif et obligatoire ; il a plutôt voulu nous associer à ce salut en nous laissant libres de l’accepter ou non. D’où l’envoi des Apôtres dans le monde entier, non pour nous contraindre mais pour nous inviter au festin messianique. Et depuis deux mille ans, l’Église ne cesse de remplir cette mission, grâce à l’Esprit Saint qui l’habite : une mission accomplie progressivement, conforme à la prophétie d’Ezéchiel qui déjà, vers l’an 580 avant notre ère, avait entrevu ce salut progressif dans la vision d’un mince filet d’eau coulant du côté droit du Temple de Jérusalem, et devenant peu à peu un fleuve infranchissable : eau miraculeuse se déversant dans les steppes désertiques et y assainissant tout ce qu’elle touchait (Ézéchiel 47, 1 ss).
Jésus est ce nouveau Temple auquel nous sommes intégrés. De son côté blessé par la lance, il laissa s’écouler de l’eau et du sang … symbole de l’Esprit Saint obtenu par son offrande sur la croix. Cette eau vive coule depuis 2000 ans et ne cesse de féconder le cœur des humains ; deux mille ans de générosité, de dévouement, de créativité, de présence fraternelle dans un monde presque toujours rébarbatif à ces appels. Un travail apostolique qui serait impossible de réaliser sans la présence bienfaisante de l’Esprit Saint. Quel honneur et quelle joie que d’être associé(e)s à ce processus de sanctification mondiale! On comprend avec quelle fierté saint Paul a pu s’écrier: « Grâces soient à Dieu qui, dans le Christ, nous emmène dans son cortège triomphal et qui , par nous, répand en tous lieux le parfum de sa connaissance » (2 Corinthiens 2, 14).