Confinement, déconfinement, reconfinement, chose certaine il va falloir nous habituer pour un court temps (espérons-le!) à une certaine solitude personnelle pour ne pas dire à un désert communautaire: la vie « comme avant 2020 » ne semble plus devoir revenir telle quelle. Faut-il s’en offusquer? Le monde a peut-être besoin d’entrer en poustinia (mot russe signifiant désert): une sorte de retraite planétaire qui nous aiderait à redécouvrir nos valeurs fondamentales.
En 1975, Catherine Doherty écrivait un livre, traduit en français sous le nom de « Poustinia ou le désert au cœur des villes », appelé à devenir un classique. Émigrée au Canada en 1921, cette Russe orthodoxe devenue catholique s’avéra une militante sociale hors-pair et une grande promotrice du laïcat chrétien. Elle devait s’éteindre en 1985 à Combermere (Ontario) et son procès de béatification fut ouvert en l’an 2000. Le mérite de Catherine fut de « semer dans le Nouveau Monde les germes de la vieille mystique slave en lui donnant la physionomie particulière de la poustinia du cœur, vécue aussi bien dans le silence d’une cabane en rondins qu’au cœur des grandes villes ». Au delà d’une solution concrète proposée à l’homme moderne pour se reposer de temps en temps dans le silence d’un lieu tranquille, Catherine nous invite à aller plus loin en développant en nous l’essence de la poustinia, à savoir, « ce lieu intérieur à soi-même, un résultat du baptême, où chacun de nous contemple la Trinité ».
Prophète pour notre temps, Catherine Doherty a senti le besoin de souligner le rôle essentiel d’un certain confinement volontaire pour découvrir notre vocation de baptisé; confinement, non comme état permanent bien sûr (elle ne veut pas faire de nous des poustiniki) mais comme remède intermittent à une certaine asphyxie qui guette sans cesse les chercheurs de Dieu. Voici comment elle décrit ce lieu de recueillement qu’est la poustinia: « Ce désert doit être à tout prix un lieu d’une extrême simplicité. Pas de livres, pas de rideaux, pas d’images sauf une icône. La poustinia n’est pas nécessairement une cabane en rondins à la campagne … non, ce serait là une fausse conception du désert, car celui-ci peut se situer n’importe où car il est foncièrement intériorisé. Si vous disposez d’une chambre ou d’un bureau chez vous, cela fera l’affaire. »
Ermite urbain, j’aime me considérer comme petit-cousin d’un poustinik et ne puis donc qu’encourager mes frères et sœurs à répondre aux appels de l’Esprit selon les possibilités d’un chacun. La poustinia est un endroit pour se reposer dans le Seigneur et le résultat final en est la paix intérieure. On devient ainsi non seulement des êtres pacifiés mais également, et surtout, des faiseurs de paix.
God does truly work in strange and wondrous ways Fr Jacques!
Just today I was lamenting the fact that seldom and little do we hear any longer of « Retreats » in the ‘so-called Catholic world’ (and I say that because of the huge amount of heresy I see everywhere).
I am often lost in this world – it seems nothing like what I grew up with and wish for now. We participated in at least one Retreat a year but many times 2 or more.
We need this desperately. So the poustinia is the answer – IF one can find privacy in our busy lives.
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