Le côté humain des évêques de Rome

Né en 1934, j’ai eu la chance de vivre dans l’Église catholique avant et après le Concile Vatican II. Deux visages assez différents d’une même église, mais une église quand même vivante et non pétrifiée dans le temps. Le pape Pie XII fut celui de mon adolescence : personnage mythique qui inspirait la plus grande vénération. Il faut avouer qu’en ce temps-là, les documents venant de Rome étaient presque toujours des documents officiels et donc enveloppés (pour nous) d’une certaine infaillibilité pontificale. Jeune moine, je me souviens que le père Abbé nous invitait à nous lever debout avant de nous donner lecture d’un écrit venant du Pape. Cette vision pyramidale d’une Église triomphante fut remplacée graduellement par une Église plus humble et plus co-responsable. S’il est vrai que l’évêque de Rome est le successeur de Pierre, il n’est quand même pas le successeur du Christ, et encore moins l’incarnation de la divinité sur terre (sinon, tous ses gestes et paroles seraient revêtus d’infaillibilité).

À partir du Concile, les papes se sont de plus en plus ouverts au monde, tant par les voyages à l’étranger que par l’instauration des audiences générales du mercredi et les grandes cérémonies sur le parvis de la Basilique Saint-Pierre (et non à l’intérieur, comme auparavant). Les médias de communication se sont infiltrés (pour ainsi dire) dans la vie privée des papes et ce fut pour nous la découverte du côté humain des évêques de Rome : leur vie quotidienne, leurs proches collaborateurs, leurs vacances d’été, leurs entrevues avec telle ou telle personnalité, etc. Et nous nous sommes extasiés devant la vigueur athlétique d’un Jean-Paul II, la profondeur de pensée d’un Benoît XVI, l’humilité de François. Mais, ce faisant, nous avons également perçu les singularités de chaque pontife : ainsi, le penchant de Benoît XVI pour l’ancien cérémonial pontifical (les mules rouges, le camauro ou bonnet d’hiver, etc,) et celui de François pour une certaine contestation du statut quo par la pose de gestes symboliques éloquents (séjour à la résidence Ste-Marthe, refus de porter certains insignes pontificaux, prostrations publiques, etc.).

Mais, ce qui me semble encore plus important, c’est notre prise de conscience de l’importance limitée de certains documents pontificaux : ainsi, l’abrogation par le pape François du motu proprio de son prédécesseur « Summorum Pontificum » concernant la réintroduction du rite tridentin à la messe nous a fait saisir la limite dans le temps de ces documents pontificaux qui ne sont pas ex cathedra (revêtues de l’infaillibilité). Comprenez-moi bien … il ne s’agit pas de mettre de côté la soumission respectueuse au ministère ordinaire du Saint-Père mais, par contre, il ne convient pas de crier au schisme ou à l’hérésie lorsque de semblables documents sont contestés ! Et c’est dans cette optique, propre aux documents romains que j’appellerais « secondaires », qu’il nous faut, à mon sens, considérer la polémique entourant la récente déclaration romaine Fiducia supplicans qui ne cesse de faire couler beaucoup d’encre. Une histoire à suivre, sûrement !

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