Le mot Avent vient du latin « Adventus » qui signifie Venue. En effet, ce temps liturgique traite principalement des deux venues du Christ: celle d’il y a 2000 ans et celle de son retour glorieux à la fin des temps. Les chrétiens vivent donc dans l’attente; mais, par ailleurs, nous savons bien qu’il est déjà là « Voici que je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps » (Matthieu 28, 20). Comment concilier ces deux notions de présence et d’absence du Christ? Laissons la parole à saint Bernard de Clairvaux, docteur de l’Église, qui nous l’expliquera facilement:
« Nous savons qu’il y a une triple venue du Seigneur, la troisième se situant entre les deux autres. Celles-ci, en effet, sont manifestes, celle-là, non. Dans sa première venue, Jésus a paru sur la terre et il a vécu avec les hommes, lorsque, comme lui-même en témoigne, ils l’ont vu et l’ont pris en haine. Mais lors de sa dernière venue, toute chair verra le salut de notre Dieu et ils regarderont celui qu’ils ont transpercé. La venue intermédiaire, elle, est cachée: les élus seuls la voient au fond d’eux-mêmes, et leur âme est sauvée. Ainsi il est venu d’abord dans la chair et la faiblesse; puis, dans l’entre-deux, il vient en esprit et en puissance; enfin il viendra dans la gloire et la majesté. Cette venue intermédiaire est vraiment comme la voie par laquelle on passe de la première à la dernière: dans la première le Christ fut notre rédemption, dans la dernière il apparaîtra comme notre vie, et entre-temps, il est notre repos et notre consolation.
Mais pour que personne ne risque de penser que ce que nous disons de cette venue intermédiaire est une invention de notre part, écoutez ce que dit le Seigneur lui-même: « Si quelqu’un m’aime, il gardera mes paroles, et mon Père l’aimera et nous viendrons à lui ». (…) Mais où ce croyant gardera-t-il ces paroles? Dans son cœur, sans aucun doute. Comme le dit le prophète: « Dans mon cœur je conserve tes ordres pour ne point faillir envers toi ». Voici comment il te faut garder la parole de Dieu, Heureux en effet ceux qui la gardent: qu’on la fasse donc entrer dans ce qu’on peut appeler les entrailles de l’âme; qu’elle passe dans les mouvements de ton cœur et dans ta conduite. (…) Si de la sorte tu t’es mis à garder la parole de Dieu, nul doute qu’elle ne te garde aussi. Le Fils viendra à toi, avec le Père. »
(Sermon de saint Bernard pour l’Avent, Éditions cisterciennes, 4 (1966) 188-190)