« Si quelqu’un veut être mon disciple, qu’il renonce à lui-même, qu’il porte sa croix chaque jour, et qu’il me suive » (Luc 9, 23). Ces paroles de Jésus nous font l’effet d’une douche froide, à nous, chrétiens du 21e siècle, qui essayons trop souvent d’unir confort et devoirs religieux. Car, le renoncement évangélique ne concerne pas uniquement les moines mais tous les baptisés (même si dans une moindre mesure). Au lendemain de la fête de saint Antoine le Grand, moine égyptien du 4e siècle, je vous présente un extrait de sa vie, telle que racontée par son contemporain, saint Athanase d’Alexandrie :
« À la mort de ses parents, Antoine resta seul avec une jeune sœur. Ayant alors entre dix-huit et vingt ans, il prit soin de la maison et de sa sœur. Moins de six mois après le décès de ses parents, il se rendait comme d’habitude à l’église en méditant; il considérait comment les Apôtres avaient tout quitté pour suivre le Sauveur; quels étaient les hommes qui, dans les Actes des Apôtres, vendaient leurs biens et en déposaient le produit aux pieds des Apôtres pour que ceux-ci les distribuent aux nécessiteux; et aussi quelle grande espérance leur était réservée dans le ciel. En pensant à tout cela, il entre dans l’église au moment de la lecture de l’Évangile, et il entend le Seigneur qui disait à un riche: Si tu veux être parfait, va, vends tout ce que tu possèdes et donne-le aux pauvres; puis viens, suis-moi, et tu auras un trésor dans les cieux. Antoine eut l’impression que Dieu lui adressait cet évangile et que cette lecture avait été faite pour lui. Il sortit aussitôt de l’église et donna aux gens du village ses propriétés familiales, quinze arpents d’une terre fertile et excellente, pour que lui-même et sa sœur n’en aient plus l’embarras. Après avoir vendu tous ses biens mobiliers, il distribua aux pauvres la grosse somme d’argent qu’il en avait retirée, en ne mettant de côté qu’une petite part pour sa sœur.
Une autre fois qu’il était entré à l’église, il entendit le Seigneur dire dans l’Évangile: Ne vous faites pas de souci pour demain. Ne supportant plus d’avoir gardé quelque chose, il distribua cela aussi aux plus pauvres. Il confia sa sœur à des vierges dont il connaissait la fidélité et la mit dans leur monastère pour qu’elles y fassent son éducation. Quant à lui, il se consacra désormais, près de sa maison, au labeur de la vie ascétique. Vigilant sur soi-même, il persévérait dans une vie austère (…) Aussi travaillait-il de ses mains, car il avait entendu cette parole: Si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus (…) Il priait sans cesse parce qu’il avait appris qu’il faut prier sans relâche en privé. Il était si attentif à la lecture qu’il ne laissait rien perdre des Écritures mais en retenait tout et que, dans la suite, sa mémoire pouvait remplacer les livres. » ( Vocation d’Antoine, extrait de la Vie de saint Antoine par saint Athanase, évêque d’Alexandrie)
Détachement, humble travail, lectures bibliques, prières fréquentes, autant de moyens concrets pour faciliter le dialogue entre nous et Dieu. Tous n’ont peut-être pas la même vocation qu’Antoine mais la ferveur des chrétiens des premiers siècles ne peut que nous inspirer un mode de vie plus modeste, une attention à Dieu plus soutenue et des comportements à contre-courant de ceux de nos contemporains. Quant au jeune Antoine, on sait qu’il se retira au désert et y vécu très longtemps pour y mourir à l’âge de 105 ans (vers 356). Ajoutons que de nombreux disciples le suivirent dans ce genre de vie austère, ce qui lui valut le titre de Père des moines.
Merci infiniment pour ce merveilleux article, très à propos !!!
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