
Moine chartreux
Le bruit du monde, surtout au temps des Fêtes, nous accapare facilement et il nous est difficile de l’éviter. Tout au moins, rappelons-nous qu’il existe un moyen de s’en soustraire, ne fut-ce que temporairement : le SILENCE ! Certains en ont peur et le fuient comme la peste, d’autres ne le connaissent pas vraiment, mais la plupart d’entre nous le regardons avec nostalgie (incapables de nous décider à en faire l’essai).
Pour le contemplatif religieux, le silence n’est pas vide mais rempli d’une présence, celle de Dieu : on se tait pour l’écouter, on se tait pour entendre sa Parole. Pour le moine, le silence n’est pas un moment bien circonscrit dans la journée mais plutôt une façon de vivre, une attitude cultivée patiemment et défendue contre toute ingérence bruyante. Les moines chartreux vivent leur journée dans leur cellule monastique, journée entrecoupée de quelques célébrations communautaires à l’église : office de nuit, messe communautaire et office de vêpres. Les repas sur semaine sont pris en cellule et les quelques heures de travaux manuels sont effectués sur place. Comment peuvent-ils assumer une telle vie durant de nombreuses années et s’y épanouir ? Laissons la parole à un chartreux qui en a fait l’expérience, notre ami, dom Guillerand :
« Vous savez que ce que les lèvres cartusiennes ne prononcent pas, ou ce que nos plumes n’ont pas le temps d’écrire, nous le disons à Dieu pour ceux que nous aimons. Notre silence n’est pas un silence de mort, c’est le recueillement d’un sanctuaire. Nos maisons et nos âmes sont occupées par quelqu’un : « Le Maître est là, il te demande ». Il est patron, il a droit à tout ; il nous prend nos heures, les unes après les autres, et il les remplit. (…) Nous savons que le silence n’est pas vide ; il est au contraire essentiellement plein, et c’est une plénitude où l’on parle. Les paroles qui sortent de l’agitation et du bruit sont nécessairement superficielles. Le fond d’un être doit être occupé par le silence, et cet être ne parle une parole vraie et profonde que si elle part de ce silence, si elle en est l’expression. Voilà pourquoi le langage du monde, les conversations, les journaux sont vides et fatiguent au lieu de reposer et de nourrir. Voilà pourquoi au contraire en Chartreuse on goûte tant de paix. Tout y procède des profondeurs calmes de l’âme où elle se recueille et fait silence. C’est là que Dieu demeure et qu’on le trouve infailliblement si on y réside soi-même.
Il est clair que les conditions de leur vie ne permettent pas à tous de réaliser ce recueillement comme en Chartreuse. Ne craignons pas néanmoins, dans la mesure du possible, de nous réserver quelques instants (très courts s’il le faut) pour nous recueillir et donner quelques minutes à Celui qui demeure en nous, qui y parle silencieusement, et qui nous invite à venir l’écouter. «
(Écrits spirituels, tome 2, 254-256)
Merci pour cet article riche par sa profondeur vécue.
Je songeais à m‘en aller…. Merci
Elmar
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