À la veille du carême 2022, alors que nous vivons une situation mondiale dramatique, il importe de nous recentrer sur l’importance de cette période annuelle d’entraînement au combat spirituel. Dans l’évangile d’aujourd’hui, le Seigneur nous rappelle cette vérité fondamentale: « Chaque arbre se reconnaît à son fruit » (Luc 6, 44). Qui sommes-nous et que faisons-nous ? À la différence des arbres fruitiers, les humains peuvent osciller entre arbre bon et arbre mauvais pour ensuite se reprendre ; à nous de faire le bon choix ! Voici, à ce sujet, un extrait d’homélie de Bruno Lachnitt (aumônier de prison) qui médite sur ce choix à faire en s’inspirant de la légende amérindienne des deux loups :
» L’ Évangile de ce dimanche est particulièrement bienvenu à la veille d’entrer en carême. Jésus y dit en effet que ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui rend l’homme impur mais ce qui en sort. Si nous décidions cette année de faire un jeûne de ce qui sort de notre bouche: insultes, médisance, mensonges…? «Chaque arbre, en effet, se reconnaît à son fruit», et «ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du cœur». Ce que nous nommons si facilement «erreurs de langage» témoigne sûrement d’un mal plus profond. Ce jeûne de ce qui sort de la bouche engage un combat contre sa racine dans notre cœur: jalousie, jugements, rancune… C’est le lieu d’un véritable combat spirituel. Une écoute hâtive de cet Évangile pourrait nous laisser penser que certains hommes sont bons et d’autres mauvais: «L’homme bon tire le bien du trésor de son cœur qui est bon; et l’homme mauvais tire le mal de son cœur qui est mauvais». Un vieux conte indien raconte qu’un homme explique la vie à son petit-fils. «Un combat a lieu à l’intérieur de moi», dit-il à l’enfant. «Un combat terrible entre deux loups. L’un est colère, envie, chagrin, avidité, arrogance, ressentiment, mensonges, vanité, ego. L’autre est joie, paix, amour, sérénité, humilité, bonté, bienveillance, générosité, confiance. Le même combat a lieu en chacun et en toi-même». Le petit-fils réfléchit puis demande: lequel l’emportera? Le vieil homme répond: Celui que tu nourris. » Il n’y a pas des hommes bons et d’autres mauvais, comme on tirerait un bon ou un mauvais ticket à l’entrée dans ce monde. En chacun de nous est gravée par Dieu l’image de son Fils et nous sommes appelés à vivre de la même liberté que Lui. Si toutefois nous ne cédons pas au refus de l’amour, à la jalousie qui est la racine du péché, l’orgueil qui nous fait nous prendre pour Dieu. «Le disciple n’est pas au-dessus du maître»: l’issue du combat n’est pas jouée d’avance, à nous de décider ce que nous allons nourrir en nous pendant ces quarante jours! » (Osservatore Romano, 22 fév., page 7)