Au Seuil de l’Abîme de Dieu

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Monastère de la Grande Chartreuse (entrée principale)

Le texte que nous vous présentons aujourd’hui n’était pas destiné à la publication (conformément aux us et coutumes de l’Ordre des Chartreux). Le manuscrit, trouvé après la mort de dom Augustin sur une étagère de sa cellule, n’avait sur son enveloppe que les mots « Notes sans valeur » et était légué à un petit neveu. Le titre actuel « Au Seuil de l’Abîme de Dieu » lui a été donné par son éditeur, tout en étant inspiré du texte-même de dom Augustin. Mais avant d’aborder ce commentaire biblique, je ne puis qu’encourager les lecteurs peu familiers avec le Prologue johannique à le lire préalablement (en Jean 1, 1-18) afin de mieux profiter de son explication.

LE PROLOGUE

« C’est incontestablement la plus profonde page d’histoire qui ait été écrite. Les plus grands génies, un saint Augustin un Bossuet, se sont efforcés de la pénétrer. Bossuet éclate en cris d’admiration et d’enthousiasme, comme étourdi par l’horizon qu’il découvre. Et cependant ils sont restés sur le premier seuil de l’abîme que contemplait saint Jean. Et lui-même, le disciple bien-aimé, le disciple au regard d’aigle qui a passé sa vie en face de l’abîme, peut-on dire qu’il en a dépassé le bord?

Il faut toujours se rappeler cela quand on lit l’Écriture Sainte, et surtout le Prologue du quatrième évangile, où le plus contemplatif (parce que le plus aimant) des écrivains sacrés a résumé en quelques lignes préliminaires l’histoire de Celui qui pour lui est Lumière et Vie. Ces lignes ne sont qu’un vêtement humain, vêtement trop court, inexprimablement trop court, de réalités qui nous dépassent tous et toujours. Quand on les a longuement méditées, avec toute son âme et pendant toute sa vie, les perspectives qu’elles ouvrent s’étendent de plus en plus et, dans une lumière sans cesse accrue, et si fraîche et toujours jeune, révèlent un monde qui se déploie par delà tout ce qu’on voit et tout ce qu’on dit. C’est la joie, parfois grisante, toujours douce et incomparable, de cette méditation: ce qu’elle donne n’est rien, ce qu’elle promet est beaucoup plus : « Ceux qui me mangent auront toujours faim, ceux qui me boivent toujours soif » (Ecclésiastique 24, 29). C’est profondément vrai. Dieu, sa vérité, sa vie, sa beauté, toute la plénitude sans nom que nos mots s’efforcent en vain de traduire, c’est un aliment qui comble sans rassasier.

Saint Jean, en commençant d’écrire son Évangile, nous place tout de suite sur ces hauteurs, en face du Verbe, de Celui qui était quand tout a commencé, par qui tout a commencé et qui, lui, n’a jamais commencé. Il a raison : Jésus est d’abord cela. On ne le voit bien que dans cette lumière, lumière vraie qui éclaire tout homme venant en ce monde (Jean 1, 9). C’est à la contempler qu’il invita le disciple aimé qu’André accompagnait dès leur première entrevue. « Maître, où demeurez-vous ? » (Jean 1, 38) lui demandèrent les deux disciples de Jean-Baptiste auxquels le Précurseur avait dit en le montrant: « Voici l’Agneau de Dieu ». « Venez et voyez » avait répondu simplement Notre-Seigneur. Il les avait emmenés chez lui. Quel était ce chez lui ? L’évangéliste ne le dit pas. Sa réponse vraie est dans ce premier mot de son évangile. La demeure de Jésus, c’est le Verbe. C’est là que Jean fut introduit dès ce premier jour. Il y est resté. Et c’est là qu’il nous conduit à son tour. Suivons-le et restons-y avec lui. »

(Écrits spirituels, tome 1, page 89 s)

A propos moinillon

jacques172.com
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4 commentaires pour Au Seuil de l’Abîme de Dieu

  1. Vondo Tsakala Jésus dit :

    AMEN

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  2. jetardy dit :

    L’Esprit éternel du Père incarné dans le Fils.

    J’aime

  3. AnaStpaul dit :

    Eternal Word eternal Wisdom – beautiful. Thank you Fr Jacques for bringing us Dom Guillerand’s words.

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