Nos styles de vie moderne nous astreignent à prendre soin d’une foule de besoins immédiats et nous laissent très peu de temps pour penser et réfléchir. Dieu ne nous demande pas de vivre comme des moines mais il n’exige pas non plus que nous soyons des bourreaux de travail (destinés à nous retrouver un jour ou l’autre sur le canapé d’un psy). Heureuses ces personnes qui ont décidé d’insérer des temps de silence dans leur agenda personnel. Pour nous, croyants, la liturgie est le moyen rêvé pour s’échapper du terrible quotidien et entrer en contact avec le monde spirituel. Écoutons ce que dom Guillerand a à nous dire sur ce sujet:
« Les fêtes chrétiennes sont des heures d’union. Pour tous et toujours l’activité terrestre est plus ou moins dévorante. Heureuses les âmes qui le comprennent et ont faim et soif de lui échapper. Pour elles, s’arrêter un instant, consacrer quelques heures à regarder par delà le mouvement qui les emporte, fixer leur cœur «où sont les vraies joies» dans la paix des choses qui ne passent pas … tout cela est doux, espéré, reposant, un oasis frais dans le désert.
Nous avons tendance à reléguer dans l’irréel tout ce qui nous dépasse. Dès qu’une réalité déborde notre esprit, ou nous la nions, ou nous vivons pratiquement à son égard comme si elle n’existait pas. Ce n’est pas seulement une inintelligence, c’est une perte pratique immense. Nos relations avec ce monde de là-haut, avec toute cette famille céleste, qui constituent notre vraie vie dès ici-bas, et en préparent l’épanouissement plein, emprunteraient à une foi vive une douceur et une force qui seraient le trésor de la terre. Mais il faudrait s’arracher (ou mieux se laisser arracher par l’Esprit d’amour) à la mouvante et insignifiante bagatelle qui nous tient. Peu d’âmes ont assez de courage pour le faire, et Dieu, qui exige ce courage, se contente de ce petit nombre: « Quand le Fils de l’homme reviendra sur la terre trouvera-t-il encore la foi ? » (Luc 18, 8)
(Écrits spirituels, tome 2, page 281)