Un homme appelé « Dorothée »

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Non, il ne s’agit pas d’un transgenre … mais d’un saint moine dont le nom grec francisé peut étonner à première vue. Saint Dorothée vécut comme moine au 6e siècle en Palestine, dans la région de Gaza. Ses écrits sont devenus des classiques dans la littérature ascétique. Voici un extrait de son Instruction spirituelle qui a toute sa place dans ce blogue intitulé Carnet d’un ermite urbain. En effet, la vie solitaire risque de nous induire en erreur en nous laissant croire que nous avons  atteint la paix intérieure … alors que l’état où nous sommes est plutôt le fruit d’une absence de provocations ou de tentations: survient-il une rencontre désagréable et, ô surprise,  le trouble s’installe.

« Quant au trouble qu’on ressent parce qu’un frère nous fait de la peine, il peut venir  de ce qu’on est mal disposé à ce moment, ou de ce que l’on a de l’aversion pour ce frère: il y a encore à cela beaucoup  d’autres raisons variées qu’on pourrait énumérer. Mais la cause de n’importe quel trouble, si nous la recherchons soigneusement, c’est que nous ne nous accusons pas nous-mêmes. C’est cela qui nous donne tout cet abattement, c’est cela qui nous empêche de jamais trouver le repos. (…)

Il arrive qu’un frère, se croyant installé dans la paix et la tranquillité, lorsqu’on lui dit une parole pénible, soit plongé dans le trouble. Et il juge qu’il a raison de s’affliger, se disant en lui-même: « S’il n’était pas venu me parler et me troubler, je n’aurais pas péché ». C’est une illusion, c’est un faux raisonnement. Celui qui lui a dit cette parole, y a-t-il introduit la passion? Il lui a révélé la passion qui était en lui, afin qu’il s’en repente, s’il le veut. Ainsi, ce frère était pareil à un pain de pur froment, d’apparence brillante, mais qui, une fois rompu, fait voir sa corruption. Il était installé dans la paix, croyait-il, mais il avait au-dedans de lui une passion qu’il ignorait. Qu’un frère lui dise une seule parole, et aussitôt a jailli la corruption qui était cachée en lui. S’il veut obtenir miséricorde, qu’il se repente, qu’il se purifie, qu’il progresse, et il verra qu’il devrait plutôt remercier son frère d’avoir été pour lui la cause d’un tel profit. » (Sources chrétienne 92)

A propos moinillon

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2 commentaires pour Un homme appelé « Dorothée »

  1. Merci infiniment pour cet article si juste ! Quel beau nom « Dorothée », que l’on peut traduire « don de dieu » ! Il est si vrai que les assauts du monde peuvent jeter le trouble dans notre âme ! Sachons rechercher ce qui peut nous aider à garder notre sérénité malgré tout, et n’est-ce pas toujours l’union à Dieu, par la prière continuelle et les sacrements ? On souffre moins quand on sent Dieu en soi, quel bouclier sûr ! Cela rejoint peut-être aussi d’autres traditions spirituelles, où il nous est rappelé qu’il vaut mieux se changer soi-même que changer l’ordre du monde, devant lequel on est souvent impuissant. Mais nous, nous avons en plus l’infinie tendresse de Dieu, et si l’on y pense on ne peut jamais s’attrister, car la douceur de Dieu est incomparable et nous guérit de tout !

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